« Glozel, résultats des recherches effectuées entre 1983 et 1990 à la demande du Ministère de la Culture » Collectif, sous la direction de Jean Guilaine et Didier Miallier


Point Final à « l’affaire Glozel »

Qui sont les différents auteurs et autrices de cet ouvrage ?

Cet ouvrage a été rédigé par un collectif d’historiens, archéologues, chercheurs, dont voici, succinctement, des éléments de biographie :

1- Jean Guilaine
Jean Guilaine est né le 24 décembre 1936. L’ouvrage a été rédigé sous sa codirection avec Didier Miallier. Il intervient en tant qu’archéologue, spécialiste de la Préhistoire récente et de la Protohistoire et en tant que membre du collectif ayant effectué des fouilles à Glozel à partir de 1983.

2- Didier Miallier
Didier Maillier est titulaire d’une thèse de 3e cycle en physique nucléaire et est archéologue de profession en plus d’être maître de conférence pour l’Université Clermont Auvergne.

3- Jean-Pierre Daugas
Jean-Pierre Daugas (1946-2011) était un archéologue, membre de la Société Préhistorique Française et rattaché à plusieurs équipes du CNRS. Il fut également inspecteur général honoraire de l’architecture et du patrimoine.

4- Hugh McKerrell
Était chercheur au Loch Ranza Centre, Isle of Arran en Ecosse. Il participa notamment aux études de datations des objets découverts à Glozel par la technique de thermoluminescence.

5- Vagn Mejdahl
Né en 1928 et décédé en 1997, Vagn Mejdahl fut le fondateur et président du Nordic Laboratory for Luminescence Dating au Danemark. Tout comme Hugh McKerrel, il effectua des datations par thermoluminescence des artefacts de Glozel.

6- Pierre Pétrequin
Archéologue, spécialiste du Néolithique des Alpes et de la France de l’Est, il est également directeur émérite de recherche au CNRS.

7- Bertrand Kervazo
Géologue de métier, il est ingénieur de recherche du ministère de la Culture au Centre national de préhistoire (Périgueux) et rattaché au laboratoire Pacea, de l’université de Bordeaux.

8- Marie-Françoise Diot
Tout comme Bertrand Kervazo, Marie-Françoise Diot est titulaire d’une thèse de doctorat en Géologie approfondie soutenue à l’Université de Bordeaux.

9- Jean-Loup Flouest
Jean-Loup Flouest est un protohistorien, spécialiste des Ages du Fer, de la céramologie, métallurgie, archéologie funéraire, des relations entre le monde celtique et le monde méditerranéen, des prospections aérienne et géophysique associé à l’Université Bourgogne-Franche-Comté.

10- Doreen Stoneham
Doreen Stoneham travaille dans un laboratoire qui authentifie les objets d’art anciens et poterie et en porcelaine par la technique de la thermoluminescence.

11- Nigel Spooner
Nigel Spooner est titulaire d’un doctorat en physique obtenu en 1993. Il a notamment travaillé sur la datation par thermoluminescence à l’Université d’Adélaïde, en Australie. Travail qu’il a effectué en binôme avec Jack Henderson.

12- Jean Faïn
Titulaire d’un doctorat, il a lui aussi travaillé sur la datation par thermoluminescence. Il a, à ce sujet, dirigé 4 thèses, dans l’université où il enseigne : Clermont-Ferrand 2.

13- Serge Sanzelle
Auteur d’une thèse en sciences physiques soutenue à l’université de Clermont-Ferrand 2, il était également ingénieur au CNAM (Conservatoire Nationale des arts et métiers).

14- Martin Aitken
Martin Aitken (1922-2017) était un archéométriste, c’est-à-dire qu’il développait et utilisait des méthodes d’analyses physiques ou chimiques dans le cadre d’études archéologiques. Il a notamment travaillé sur la datation au radiocarbone et à la thermoluminescence.

15- Rupert Housley
Est un archéologue retraité, mais encore associé de recherche, de l’Université de Londres. Il est également vice-président de la Société préhistorique.

16- Jean-Paul Demoule
Né le 7 août 1947 à Neuilly-sur-Seine, il entreprit un parcours universitaire à l’issue duquel il est devenu professeur émérite de protohistoire européenne à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la thématique de l’archéologie.

17- Jean-Claude Poursat
Né en 1934, Jean-Claude Poursat est un archéologue et protohistorien de la Grèce, spécialiste de la civilisation minoenne. Il a été professeur à l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand.

18- Catherine Breniquet
Archéologue, spécialisée dans l’étude des civilisations de l’Orient Ancien, Catherine Breniquet est désormais professeure des Universités à l’Université Clermont-Auvergne.

19- Raphaël Angevin
Raphaël Angevin est conservateur du patrimoine au service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes pour le Ministère de la Culture. Il est spécialiste des industries lithiques du Chalcolithique et de l’âge du Bronze.

20- Alain Gallay
Alain Gallay (1938-2021) était un archéologue effectuant des recherches ethnoarchéologiques en Afrique. Il dirigea le département d’anthropologie et d’écologie à l’Université de Genève.

21- Jean-Pierre Adam
On ne présente plus cette figure incontournable de l’archéologie et de la lutte contre la désinformation qu’est Jean-Pierre Adam. Architecte et archéologue de métier, il a notamment donné des cours à l’Ecole du Louvre.

Glozel, résultats des recherches effectuées entre 1983 et 1990 à la demande du Ministère de la Culture

Publié en novembre 2023, aux éditions de la Presse Universitaire Blaise Pascal, cet ouvrage se veut être la synthèse des recherches effectuées entre 1983 et 1990 à Glozel.
Glozel est un site archéologique découvert en 1924 par Emile Fradin où près de 3 000 objets furent mis à jour. D’abord daté, par des archéologues amateurs, du Néolithique, il a ensuite été étudié par des archéologues et préhistoriens de profession qui ont conclu à la non-authenticité du site.

Si cet ouvrage a été publié si tardivement, c’est en raison de la polémique de l’affaire. Pour les auteurs, l’authenticité du site de Glozel, n’est plus une question depuis les années 1920-1930. Néanmoins, la polémique enflant, surtout à partir de datations données par une nouvelle technique : la thermoluminescence1, le ministère de la Culture, subissant des pressions des partisans de l’authenticité du site, a lancé de nouvelles fouilles en 1983. Un collectif de plusieurs archéologues et autres spécialistes a ainsi été composé afin de retourner sur les lieux de l’ « affaire Dreyfus »2 de l’archéologie. Le rapport n’a pas été publié durant toutes ces années, en dehors d’un résumé, car les résultats ne divergent pas des informations dont on dispose depuis le début de l’affaire : Glozel n’est pas un site Néolithique. De plus, il n’a pas été publié, car les auteurs craignaient de relancer la polémique autour de ce qui peut être considéré comme étant un « non-événement ».

L’ouvrage scientifique vient donc, clore définitivement l’affaire Glozel sans pour autant rejeter tout ce qui a été fait avant 1983. Au contraire, l’ouvrage fait une synthèse de tout ce qui a pu être avancé dans cette affaire, le tout mis à jour avec les nouvelles découvertes et nouvelles analyses qui ont été réalisées.

Résumé

Le sujet principal de cet ouvrage est l’élément qui, dans les années 1970, a relancé l’affaire Glozel. Il s’agit de la datation par la technique de la Thermoluminescence. Pour que le lecteur ne mécomprenne ce sujet, la datation par cette technique est expliquée de manière simple dans un premier temps avant d’entrer dans le vif du sujet et de la controverse par la suite. Cette méthode, récente, de datation s’applique à tout objet en terre cuite. Elle fut l’objet de nombreux échanges entre chercheurs du fait de sa mise en application, les datations obtenues pouvant être faussée à cause de la radioactivité naturelle ou par d’autres éléments extérieurs. Pour appuyer et expliquer tout cela, tableaux, graphiques et calculs sont mis à disposition du lecteur.

L’ouvrage se veut être un repère lorsque l’on parle de l’affaire Glozel. Pour cela, les différents auteurs reviennent sur les objets découverts en effectuant un inventaire. Ce dernier est important, car il permet de faire un état des lieux des collections actuelles mis en perspective d’inventaires plus anciens, réalisé par Antonin Morlet. Pour les auteurs du livre, on remarque une très nette évolution dans les différentes découvertes effectuées à Glozel, par exemple, suite à des controverses, on retrouva de moins en moins de harpons en os. Cela permet d’appuyer par des données factuelles une impression qu’avait déjà Vayson de Pradennes au moment des faits.

Glozel propose aussi à ses lecteurs un compte-rendu des différents sondages archéologiques effectués sur le site de Glozel, mais aussi sur les sites dits « glozéliens » proche de ce dernier : Cluzel, Chez Gentil, Chez Guerrier, Puyravel. Tout y est détaillé : ce que l’on veut constater, la méthode, les résultats. De nombreuses images et schémas sont présents dans l’ouvrage afin de mieux comprendre comment se déroule des fouilles archéologiques.

Surtout, ce livre est un bon outil pour comprendre ce qu’est l’archéologie : une discipline qui en regroupe plusieurs. En clair, l’archéologie n’est jamais seule face à un terrain de fouille, elle est souvent accompagnée de chimie et de physique, notamment pour les datations, mais aussi de l’histoire, de sciences naturelles comme la palynologie (étude des pollens), etc. En définitive, c’est un domaine riche et multidisciplinaire que nous propose de découvrir cet ouvrage collectif.

Mon avis sur ce livre ?

Ce livre m’a rappelé mes années d’études en Histoire : faire des recherches documentaires pour les Travaux Dirigés, lire des documents pas toujours accessibles en compréhension, tenter de lire des graphiques, des tableaux et essayer de trouver un consensus dans l’immensité des avis émis sur cette affaire depuis près de 100 ans. Selon moi, ce compte-rendu ne plaira pas à tout le monde, pour deux raisons :

1- Le livre a pour sujet principal, la réouverture du dossier de Glozel. Une affaire qui a défrayé la chronique dans les années 1930 et qui s’est plus ou moins tassée avec le temps. J’ai, par ailleurs, dédié un article à ce sujet : « Les Mystères de France » Jean-Michel Cosson ~ Chapitre 2 : Glozel : l’écriture mystérieuse. L’ouvrage vient donc clore ce sujet et cela peut ne pas plaire à celles et ceux qui voient en Glozel un site archéologique datant du Néolithique.

2- Il s’agit là d’un ouvrage scientifique, d’un compte-rendu de recherches, co-écrit par plusieurs historiens, archéologues, chercheurs, etc. Il peut, par son aspect et son contenu freiner pas mal de monde à sa lecture. Le vocabulaire n’est pas toujours simple à comprendre, il y a des graphiques dont on ne comprend pas toujours ce qu’ils veulent vraiment nous dire et surtout, Glozel, c’est près de 3 000 objets mis à jour ! De quoi faire tourner la tête.

L’ouvrage s’adresse donc, plus particulièrement, à d’autres chercheurs, physiciens, historiens, archéologues, chimistes, etc. ou aux très grands passionnés de l’affaire Glozel et des sciences de manière générale. En effet, il ne s’agit pas là d’un ouvrage de vulgarisation, mais un compte-rendu de recherches brut.

Néanmoins, la partie « Annexes » de l’ouvrage, qui regroupe l’opinion de nombreux archéologues, préhistoriens est beaucoup plus accessible. Elle permet de mieux comprendre l’impact d’une telle affaire dans l’imaginaire collectif, mais aussi dans la manière de faire l’histoire. Pour cela, l’affaire Glozel est mise en parallèle avec d’autres affaires plus ou moins connues.


  1. La thermoluminescence, abrégée TL, est une technique de datation en archéologie. Elle permet, tout comme la technique du Carbone 14, d’obtenir une datation sur certains objets tels que : les poteries, la terre cuite, de pierres brûlées, etc. Dans le cadre de Glozel, la thermoluminescence a permis de dater les tablettes d’argile. Néanmoins, cette technique permet de dater les objets, une fois qu’ils ont été cuits. Ce dernier peut être alors plus ancien, mais la thermoluminescence ne permet pas de le savoir. ↩︎
  2. L’affaire de Glozel est régulièrement, et ce, dès l’époque des faits, comparée à l’affaire Dreyfus, tant l’opinion publique s’en sent investie. Elle est même nommée par les médias « L’affaire Dreyfus de l’archéologie ». L’affaire Dreyfus, défraya la chronique pendant près de douze ans de 1894 à 1906. Elle concerne Alfred Dreyfus, d’origine juive et alsacienne, accusé de trahison pour avoir prétendument livré des documents secrets à l’Allemagne. Dans un contexte de tension entre les deux pays : fin de la guerre franco-allemande de 1870-1871 annonçant la Première Guerre mondiale en 1914-1918, cette affaire témoigne également de la présence très marquée de l’antisémitisme en France. L’Affaire Dreyfus marquera longtemps les mentalités de par sa présence dans la presse, de par la nécessité, à l’époque de choisir un camp (exemple de J’accuse d’Emile Zola), mais aussi parce qu’elle fut une erreur judiciaire majeure de la Troisième République, sous fond de complot. Alfred Dreyfus fut innocenté définitivement en 1906. ↩︎


Une réponse à « « Glozel, résultats des recherches effectuées entre 1983 et 1990 à la demande du Ministère de la Culture » Collectif, sous la direction de Jean Guilaine et Didier Miallier »

  1. […] la lecture de ce livre, je m’attendais à un ouvrage archéologique comme l’ouvrage des résultats de recherches des fouilles du site de Glozel. J’avais un a priori et je me suis trompée. Cet ouvrage est, selon moi, un véritable outil […]

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